top of page

Saveurs, couleurs, fleurissent et festoient, dans la peinture de Montaine R.

Allant toujours par étonnement, par approche lente, par allusion à autre chose que les mots, avide et heureuse, les yeux fermés sans doute et s’y donner entièrement, joyeusement comme une sorte de révérence dans le tableau…

Liberté, sensibilité, elle nous raconte ses persévérances et ses solitudes dans une sagesse la plus douce qui soit, une application assurée, un droit à l’improvisation.
Divaguer, vaguer, savoir s’abstraire du temps, se laisser le temps d’errer, de se placer en achronie, en poésie.

Tout repose sur un sol bien établi. Sa peinture abstraite ne s’éloigne jamais du réel dans un dialogue possible entre la terre et le ciel jusqu’à l’endroit même où ils se rejoignent et s’unissent en un seul lieu, main dans la main. L’abstrait qui ne décrit ni ne représente mais suggère … du beau dans mes émotions, l’éclair d’une chance!

Dévoreuse de rêves, d’eau et de lumière, curieuse même de la pierre mousseuse et taraudée, qui jaillit derrière la montagne …
Son appréhension du monde semble fort liée à un pays de sel et d’eau, entre vague et sable, l’eau qui est à l’origine de toutes choses naturelles.

Femme de son époque, nourrie de musique, de danse et de poésie, elle part à la découverte de nouveaux territoires.
C’est en balade, à l’aventure qu’elle veut nous emmener. Dans son cheminement elle entraîne le nôtre. Rêves personnels, enchanteurs, didactiques, Montaine R glorifie la nature comme coulant de source ; on imagine les ricochets… comme s’il avait plu.
La matière glisse comme eau autour des pierres précieuses ou non, pesanteur, clarté, noir en reflet, peau et transparence, luisance, trous dans l’eau, courants d’eau, courant d’air …. A partir de taches lumineuses, les formes nettes s’établissent dans les espaces marins, le bord de l’île, le littoral, un monde flottant, silencieux et patient …
Montaine procède par analogies et dissemblances, vérifie la luminosité la plus ample, les unie en contrastes.
Chaque tableau est unique. Pour chacun il faut plonger dans le mystère et s’en remettre à lui comme l’on s’en remet à la mer.
Puis d’un tableau en naît un autre, comme allant de soi, au rythme de légères variations musicales, le premier engageant une déclinaison jusqu’à l’épuisement des possibles. L’un réjouit le territoire de l’autre.
Mais le tableau n’est pas seulement une image, la matière a son mot à dire, moment délicieux où l’encre manifeste son épaisseur en différentes strates.. Le blanc, l’épaisseur des pigments, leur fluidité …
Sa couleur exulte et glorifie en légèreté et en confiance.
L’allégresse de la couleur éclaire les choses, une énergie circule, capture le monde en mouvement, rose boudeur, jaune infatué, un bleu profondément céleste sollicite un vert sensible, une forme à la noirceur délicate réclame le geste, le tableau prend forme et entre dans la danse !
Elle laisse alors courir le pinceau, elle le contrôle, le négocie, de là naît l’œuvre picturale qui remplace la parole. Elle laisse quelque chose surgir qu’elle n’avait peut être pas prévu.
En même temps, Montaine nous conte sa perception de la vie dans une pensée caressée par la lumière ruisselante. Elle recrée le domaine fictif ou réel qui est le thème de ses rêveries.
Pays imaginaire ou non, le rêve fait son chemin, la main figure le long cheminement … l’eau s’écoule et s’en va comme les jours …
Il y a du vécu, il y a du rêve.
Méandres, sursauts, tout va à sa mesure ; la nature est là, au bord du fleuve et de la mer, le long des pentes obliques, dans le surgissement de la montagne, les ombres de la chevelure des arbres, un ciel menaçant, nos ciels du soir, le matin qui croît, le soleil déclinant nimbé de bleu et d’orange comme un ciel breton au soleil couchant, les frontières indécises, les vagues démontées, la mémoire du voyage, la vallée de la Seine, la route du dessous …
La lumière et le vent nous appellent derrière les arbres, nous proposent une pente douce de printemps quand le soleil se fait attendre.
Dans son oeuvre, le langage de Montaine se rassemble en éclat dans un lieu où conversent tous les éléments de sa création, en grande largeur et en largesse.

Quand elle rejoint son jardin normand, entre l’odeur de l’herbe d’été, l’humeur de la Seine, installée tôt le matin à sa table, elle peint, à bout de mains, du bout du cœur, et même si la main hésite un peu, elle n’empêche pas les rires des enfants, dans cette vie qui congédie le temps ….
Son œuvre n’est pas l’illustration d’une idée mais bien son expression ;
D’abord l’émotion, le sensible puis l’esprit.
En même temps la poésie surgit, quelque chose de magique s’y cache : le talent.

Dans ce monde en transformation, l'art est une nécessité vitale... saurons-nous y puiser une respiration, un approchement, un appel, la chance d'une rencontre.


Marie-France Vilcoq
Février 2021
Pour Montaine R

  • mail-black-envelope-symbol_icon-icons.com_56519
  • Black Instagram Icon
bottom of page